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L'Homme de Dmanissi (Homo georgicus), il y a 1 810 000 ans

Marie-Antoinette de LUMLEY & David LORDKIPANIDZE

fr Comptes Rendus Palevol 5 (1-2) - Pages 273-281

Publié le 28 février 2006

Cet article est tiré de la thématique Climats – Culture – Société aux temps préhistoriques. De l’apparition des hominidés jusqu’au Néolithique.

Les fouilles effectuées sur le site de plein air de Dmanissi, en Géorgie, ont permis de recueillir, depuis 1991, quatre crânes, trois mandibules, une quinzaine de restes post-crâniens et une douzaine de dents isolées. L'ensemble, correspondant à un minimum de quatre individus, deux adultes et deux adolescents, a été recueilli dans un contexte stratigraphique, paléontologique et archéologique précis et les datations par diverses méthodes ont permis de situer ces restes humains au-dessus d'une coulée de basalte datée par K/Ar entre 1,8 et 1,9 ± 0,01 Ma et à l'intérieur d'une couche de cendres volcaniques datées par 40Ar/ 39Ar de 1,80 ± 0,05 Ma. L'intérêt de ces découvertes est quadruple : – (1) les datations obtenues par diverses méthodes radiochronométriques et par paléomagnétisme ont mis en évidence, pour la première fois, que l'Homme était présent aux portes de l'Europe, en Transcaucasie, bien avant le scénario classique établi pour le peuplement de l'Europe ; – (2) les analyses des faunes et des pollens ont permis de préciser l'environnement de ce peuplement. De type savane, mais plus riche en ressources en eau que celui de l'Afrique, il traduit un climat tempéré, avec une mosaïque de paysages commandée par la diversité géomorphologique de la région, constituée de vallées, de lacs et de reliefs montagneux, tout proches, plus ou moins élevés du Grand et du Petit Caucase ; – (3) l'installation de ce groupe humain a pu être motivée par un environnement plus humide, qui a succédé à une aridification généralisée de l'Est de la Géorgie à la fin du Pliocène et qui a attiré la faune à la fois de l'Est du continent Eurasiatique et du Nord du continent Africain ; – (4) l'aspect morpho-fonctionnel de ces hommes se rapproche de celui des Homo habilis et de celui des Homo erectus les plus archaïques, connus tous deux uniquement en Afrique jusqu'à présent. Attribués à une nouvelle espèce : Homo georgicus, de petite taille, un mètre cinquante, avec une capacité crânienne de 600 à 700 cc (la moitié de celle des Hommes actuels), ils représentent la souche d'une longue lignée européenne, voire eurasiatique. Deux nouveaux concepts peuvent déjà être retenus : – la sortie du continent Africain est plus ancienne que prévu. Elle remonte au moins à 1,8 Ma. Elle a été effectuée par un groupe proche d' Homo habilis, par Homo georgicus ; – l'hypothèse d'un développement cérébral indispensable et équivalent au moins à celui des Homo erectus (900–1000 cm 3 ) pour expliquer la capacité de l'Homme à prévoir et à décider une délocalisation doit être abandonnée. Homo georgicus, avec un cerveau de volume moindre, avait déjà la faculté de s'adapter à un environnement plus favorable à sa survie.


Mots-clés :

Homo georgicus, Dmanissi, Transcaucasie, Préoldowayen, Pléistocène inférieur, développement crânien

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