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Sur les premiers peuplements du Pacifique sud

Anne-Marie SÉMAH & Florent DÉTROIT

fr Comptes Rendus Palevol 5 (1-2) - Pages 381-393

Publié le 28 février 2006

Cet article est tiré de la thématique Climats – Culture – Société aux temps préhistoriques. De l’apparition des hominidés jusqu’au Néolithique.

Le Pacifique sud regroupe l'Australie et les îles du Pacifique : Mélanésie, Micronésie, Polynésie. Quelles populations les ont peuplées ? Quand, pourquoi et comment ? D'où venaient-elles ? L'environnement a-t-il conditionné leurs déplacements ? Une discussion exhaustive de ces vastes problématiques ne saurait être entreprise rigoureusement dans le cadre de ce court article. Nous proposons donc plutôt de discuter ici certains points très précis, apportant un éclairage nouveau sur les premiers peuplements du Pacifique sud. Si l'on se réfère aux sites archéologiques les plus anciens d'Australie, l'arrivée des premiers Homo sapiens dans la région a pu se produire il y a au moins 40 000 ans, voire dès 50 à 60 ka BP. D'un point de vue paléoanthropologique, un débat existe depuis plusieurs années sur l'origine de ces hommes anatomiquement modernes : sont-ils issus d'une migration hors d'Afrique relativement récente (hypothèse de l' Out of Africa) ou bien sont-ils les descendants directs des derniers Homo erectus indonésiens (hypothèse « multirégionale ») ? Plusieurs points fondamentaux opposent les partisans de ces deux hypothèses, en particulier l'interprétation de ressemblances morphométriques entre les H. erectus indonésiens les plus récents et les H. sapiens fossiles australiens dits « robustes » de Kow Swamp et Cohuna. L'application de méthodes de morphométrie géométrique en 3D (analyses Procruste) permet d'aborder cette problématique sous un angle nouveau. Les conformations de ces deux ensembles d'hominidés fossiles sont très clairement distinctes, permettant de mettre en doute l'hypothèse d'une filiation locale directe. Pour ces peuplements humains anciens et les migrations ultérieures, la confrontation et la comparaison des données paléoenvironnementales, archéologiques, paléoanthropologiques, génétiques et linguistiques permettent de reconstituer petit à petit les grandes lignes de l'histoire des premiers peuplements humains de ces régions. Climat et environnement ont interagi avec ces déplacements de populations. Le tout premier exemple en est la formation de ponts terrestres entre le continent Asiatique et l'archipel Indonésien lors des glaciations quaternaires, qui ont permis le passage des hommes et de la faune. C'est peut-être aussi à l'occasion de l'abaissement du niveau des mers, que la dispersion d'îles en îles a pu être favorisée. Vents et courants, directement liés au climat et à ses variations sont également intervenus dans le peuplement du Pacifique. L'environnement naturel, qui s'appauvrit d'ouest en est, a été enrichi des animaux et des plantes que les hommes transportaient avec eux. En fonction de leur mode de vie, mais aussi des ressources disponibles, ils ont occupé, dans un premier temps, la zone littorale (sites Lapita), puis, très vite, l'intérieur des terres, comme l'ont montré, entre autres, des fouilles réalisées en Nouvelle-Calédonie, dans le Nord de la Grande Terre.


Mots-clés :

Pacifique, migrations, peuplements, climat, analyses Procruste

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